Je viens de tomber sur un passage intéressant dans le petit livre "Petite Philocalie de la prière du coeur" que je lis par petits bouts...
Un maître en prière conseille cela à ses disciples :
Voila que beaucoup parlent de la même chose et que le "pranayama" est commun à beaucoup de chemins.Petite Philocalie de la prière du cœur : Editions Sagesses traduit par Jean Gouillard p231 a écrit : Pourquoi il faut retenir sa respiration durant la prière.
Parce que votre esprit - l'acte de votre esprit - a coutume de se répandre et de se disperser sur les objets sensibles et extérieurs du monde, quand vous dites cette sainte prière ne respirez pas continuellement comme la nature a accoutumé. Mais retenez un peu votre respiration jusqu'à ce que votre verbe intérieur ait dit une fois la prière. Alors respirez, suivant que l'enseignent les Pères.
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1. Parce que la rétention mesurée de la respiration tourmente, comprime et, par suite, fait peiner le cœur qui ne reçoit pas l'air réclamé par sa nature. L'esprit, de son côté, grâce à cette méthode, se recueille plus facilement et revient au cœur, en raison à la fois de la peine et de la douleur du cœur et du plaisir qui naît de ce souvenir vif et ardent de Dieu. Car Dieu procure plaisir et joie à ceux qui se souviennent de Lui suivant la parole: " Je me suis souvenu de Dieu et je me suis réjoui " (cf. P s. 76, 4). Et Aristote a remarqué, d'autre part, que l'esprit se porte et se recueille dans le membre qui éprouve une sensation de peine ou de plaisir.
2. Parce que la rétention mesurée de la respiration subtilise le cœur dur et épais. Et les éléments humides du cœur convenablement comprimés, échauffés, deviennent de ce fait plus tendres, plus sensibles, humbles, mieux disposés à la componétion et plus aptes à verser facilement des larmes. Le cerveau, d'autre part, se subtilise aussi et du même coup avec lui l'acte de l'esprit qui devient uniforme, transparent, plus apte à l'union que procure l'illumination surnaturelle de Dieu.
3. Parce que cette rétention mesurée de la respiration comprime et fait souffrir le cœur; cette peine et cette douleur lui font vomir l'hameçon empoisonné du plaisir et du péché qu'il avait avalé. Et suivant J'adage des anciens médecins, le contraire guérit le contraire. D'où la parole de Marc : " Le souvenir de Dieu est une peine du Christ embrassée pour la piété )J (Sur ceux qui ... 1). " Quiconque oublie Dieu devient ami du plaisir et insensible " et encore: " L'esprit qui prie sans distraction comprime le cœur» et "un cœur contrit et humilié, Dieu ne le méprise pas » (ibid. 34).
4. Par cette rétention mesurée de la respiration, toutes les autres puissances de l'âme s'unissent aussi et reviennent à l'esprit et par l'esprit à Dieu, ce qui est admirable à dire. Ainsi l'homme offre à Dieu toute la nature sensible et intellectuelle, dont il est le lien et la synthèse suivant Grégoire de Thessalonique (Vie de saint Pierre l'Atbonite).
J'ai dit que les débutants surtout ont quelque besoin de cette rétention mesurée de la respiration quand ils prient parce que, sans cette rétention, ils entrent aussi dans le cœur par le seul verbe intérieur et y demeurent. Mais quand ils veulent faire rentrer l'esprit dans le cœur avec un plus grand zèle (surtout en période de guerre des passions et des pensées) et par ce retour prier plus uniformément, ils le font en recourant à la rétention mesurée de la respiration.
J'aime bien quand même certaines explications dans ce texte, qu'en pensez-vous ?